Charny

Le village et ses richesses

Histoire

Pendant le Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle, l’histoire de Charny est indissociable de celle de Saint-Fargeau.

La Mairie de Charny

En 1130 Charny appartient à l’abbaye des Escharlis, et son seigneur est Fromond de Charny, vassal de Milon de Courtenay. Son successeur sera Renaud de Courtenay, fils de Milon de Courtenay et seigneur de Montargis et de Charny. La châtellenie inclut les paroisses utilisant le même système de poids et mesures : La Motte-aux-Aulnaies (qui était à l’époque une paroisse par elle-même), Prunoy, Malicorne, Fontenouilles et Saint-Martin. À l’époque il existait une maladrerie Saint-Lazare au nord du village, vers l’actuel pâtis ; les patients n’appartenant pas à la châtellenie seront envoyés à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu (également situé sur Charny) à partir de 1275. Ces deux établissements de 15 lits chacun, autonomes, étaient financés par une fondation originelle et des dons (y compris de terres apportant des rentes). le village était défendu par des fossés et murs. Les Templiers possédaient un établissement à l’extérieur des murs. À l’entrée ouest, le château du Bignon gardait le pont. On appelait Bignon une source importante alimentant un plan d’eau. Ce château a disparu mais ses anciennes dépendances sont toujours là, maintenant appelées Le Clos. Les deux caves, la basse et la haute, dépendaient de la même demeure féodale. La famille Corquilleroy de Chêne-Arnoult possédait le château d’Arrabloy, maintenant appelé Rablais.

En 1226 la seigneurie passe par héritage à Robert de Courtenay, petit-fils de Louis le Gros, puis arrive à Guillaume II comte de Joigny, ensuite à Robert d’Artois (frère de Saint-Louis), et revient dans la famille de Courtenay en 1275. Cette époque est relativement prospère. Mais la guerre de Cent Ans amène, entre autres catastrophes, Robert Knolle à Malicorne qui ruine l’abbaye des Escharlis. Les Anglais font de Charny une place forte en 1420, et la ville, qui soutient six sièges en 11 ans, est bientôt entièrement détruite.

La halle Louis-Philippe

En 1450 Jacques Cœur, Argentier de Charles VII, acquiert les terres de Saint-Fargeau dont dépend Charny. Avec la disgrâce et l’emprisonnement de Jacques Cœur en 1453, ses terres de Puisaye sont confisquées ; elles sont achetées en 1453 par Antoine de Chabannes, aventurier parvenu également surnommé « roi des écorcheurs » – à moins que Charles VII ne lui fasse don de la Puisaye en 1454. Montrant trop de zèle envers Charles VII, Chabannes s’attire l’animosité du futur Louis XI qui, devenu roi, le fait emprisonner en 1461 et lui confisque ses terres à son tour. Les terres de Puisaye sont rendues à Geoffroy Cœur, fils de Jacques Cœur. Mais Geoffroy Cœur ne les garde pas longtemps car Chabannes s’évade peu après, réussit à lui tendre un piège et à l’expulser de Saint-Fargeau, récupérant ainsi les terres de Puisaye ; et, 5 ans plus tard, à gagner la faveur de Louis XI. Nommé gouverneur de Paris en 1485, c’est cette année-là qu’il entreprend de rebâtir

L’église de Charny

Charny resté inhabité pendant un-demi siècle et qui ne compte alors plus que 200 habitants. Pierre de Gouzolles, seigneur de la Gruerie et du Clos (nouveau nom du Bignon), bailli de Saint-Maurice et Charny, continue de travailler aux relevailles de Charny de 1490 à 1525.

Jean de Chabannes, fils d’Antoine de Chabannes, se réconcilie avec les héritiers de Geoffroy Cœur et établit avec eux un compromis qui fait de lui le seigneur effectif de Saint-Fargeau (et de Charny) moyennant une rente annuelle.
En janvier 1541, Saint-Fargeau est élevé en comté par François Ier au profit de Nicolas d’Anjou, arrière-petit fils d’Antoine de Chabannes.
La fille de Nicolas d’Anjou, Renée d’Anjou, épouse François de Bourbon, duc de Montpensier et prince du sang royal. En 1575 le comté de Saint-Fargeau est érigé en duché-pairie, et en 1580 à la mort de Nicolas, sa fille Renée en hérite et l’apporte ainsi aux Bourbon (d’où les fleurs de lys dans le blason de Charny). Leur fils Henry de Bourbon sera marié à Henriette,

L’Ouanne rue des ponts

 

duchesse de Joyeuse. Ils auront une fille, Marie Henriette de Bourbon Montpensier, que Henri IV, en reconnaissance des services rendus par Henry de Bourbon et poussé par Richelieu, mariera à son propre fils Gaston de France, duc d’Anjou.

En 1583, Sully, premier ministre de Henri IV, épouse Anne de Courtenay qui lui amène le château de Bontin entre Sommecaise et Les Ormes, distant de 13 km. Il apporte quelque renouveau à Charny et sa région. Mais arrivent la fin du XVIe siècle et les guerres de religion; de nouveau Charny, comme bien d’autres à l’époque, connaît une halte dans son développement.
La fille de Marie Henriette de Bourbon Montpensier et de Gaston de France est Anne-Marie-Louise d’Orléans (1627-1693), duchesse de Montpensier et de Saint Fargeau, la « Grande Mademoiselle ». Exilée à Saint-Fargeau par son cousin Louis XIV pour cause de Fronde, elle donne Charny à son demi-frère illégitime Louis d’Orléans en 1653 ; mais elle change d’avis par la suite et en 1661 elle vend Charny à Charles Martin de Crèvecour, seigneur de Prunoy. C’est donc cette année-là que la châtellerie de Charny est détachée du comté de « Saint-Fargeau et des pays de Puisaye ».
En 1688 Germain Texier (Famille Texier d’Hautefeuille), seigneur de Hautefeuille et de Malicorne, achète Charny. Il vendit au détail le château, qui était en piteux état. Malgré une longue dispute avec la famille de Chabanne, les Texier d’Hautefeuille furent les seigneurs de Charny jusqu’à la Révolution.

Les monuments

La grange aux dîmes.

Un grand incendie, le 24 juillet 1706, dévasta complètement Charny et consuma la vieille halle en bois, implantée à la place d’une mare au temps de François 1er.
On mit 32 ans à reconstruire l’église et la Révolution survint sans que la Halle ne soit rétablie.
Charny se ranime après les guerres du premier empire: un relais de poste installé sur la place (hôtel du Cheval Blanc) amène régulièrement les diligences ; le marché prend vigueur : une nouvelle Halle s’impose, mais l’établissement d’une mairie aussi.
Or le maire de Montargis, monsieur Sauvard, entrepreneur de son état, participait à la démolition du château de Montargis, (échelonnée de 1810 à 1837), mettait en vente des éléments réutilisables : c’est ainsi que les pilastres d’une colonnade de l’esplanade furent acquis par une personnalité locale (un notaire dit-on). Ils furent proposés peu après 1830 pour supporter la charpente de la halle. Devant la solidité de l’ensemble la municipalité fit construire sur cette halle, l’édifice municipal demeuré en service pendant 125 ans et qui restera dans l’esprit des Charnyçois comme « l’ancienne mairie » devenue lieu de réunion des associations et lieu d’expositions.
Sur les conseils de Jacques Bouvet, architecte à Charny, la municipalité décide en 1980 la restauration de la halle, en faisant disparaître le vieux crépi qui recouvrait les colombages.

  • Grange aux dîmes

Située dans la rue de la République (qui s’ouvre sur la Rue des Ponts), c’est le plus vieux bâtiment de la ville ayant résisté au dernier incendie du XVIIIème siècle avec quelques maisons rue des Ponts. Au Moyen Âge on y déposait la dîme des récoltes. Cet « impôt » pour le clergé représentait 10 % des récoltes des paysans.

  • L’église du début du XVIIIème refaite après l’incendie sus-cité.
  • Diverses demeures bourgeoises datant des XVIIIe et XIXe siècles. La mairie est installée dans une belle demeure de 1870, anciennement appelée le château Jacot.
  • Le lavoir

    Un lavoir du XIXe siècle est situé rue de la Fontaine. En mars 2013 des travaux y sont engagés pour y installer des marches d’accès depuis la rue, et réparer le mur donnant sur la rue.

  • La briqueterie de Courboissy s’est installée derrière la mairie (de l’autre côté du chemin de fer) en 1890, et a vu quatre générations de Gauthier s’y succéder. Des difficultés dans les années 1980 ont amené la fermeture de l’entreprise à la fin de cette période. L’activité a repris en 2000 avec Chantal Cailleau et Gilles Nadal sous le nom de Terres cuites de Courboissy, orientée exclusivement sur des carrelages à l’ancienne : c’est une des rares entreprises de fabrication de carrelages en France où sont toujours utilisées les mêmes méthodes d’antan, assurant ainsi d’y retrouver les mêmes qualités que dans les carrelages originaux si recherchés de nos jours pour leur beauté,